Analyse des communications
- Aujourd’hui, nos messages, nos appels et les sites que nous visitons ne peuvent être analysés qu’avec notre consentement.
- Demain, notre consentement pourrait ne plus être exigé : ces informations seront librement exploitables à des fins commerciales.
Le droit actuel
Depuis 1997, le droit de l’Union européenne exige que nous donnions notre consentement pour que nos communications électroniques (appels, SMS, courriels, utilisation d’Internet) puissent être analysées ou revendues à des fins commerciales (articles 5 et 6 de la directive 97/66/CE, repris par la directive 2002/58/CE).
Cette obligation protège notre droit fondamental à la confidentialité de nos communications. Elle garantit ainsi que personne ne puisse dresser la liste des personnes avec qui nous communiquons, ou la liste des informations que nous consultons, et que le contenu de nos messages reste secret.
Ce qui va changer
De nombreuses grandes entreprises (telles que Orange, Gmail, Whatsapp ou Snapchat) font pression sur les États membres pour être autorisées à exploiter nos communications dans un but commercial et sans notre accord (voir les documents de lobbying qu’elles ont envoyés aux députés européens).
Heureusement, sur ce point, leurs ambitions ont été freinées par le Parlement européen. Mais, demain, les États membres pourraient entièrement renverser la situation et leur ouvrir en grand les portes de la surveillance économique.
Concrètement, ces entreprises demande la création de deux exceptions à l’obligation d’obtenir notre consentement.
Intérêt légitime
Dès qu’une entreprise aura un « intérêt légitime » (tel un intérêt économique) à analyser ou revendre nos communications, elle sera autorisée à le faire sans notre consentement. Elle devra seulement s’assurer que son activité ne nuit pas « de façon excessive » aux personnes dont les échanges sont captés.
Cette notion de nuisance excessive est cependant très permissive : dans un premier temps, l’entreprise décidera seule de ce qui est « excessif » ou non. Il faudra ensuite saisir la CNIL pour que celle-ci se penche sur la question et vérifie que cet équilibre a bien été respecté.
Dans tous les cas, que la nuisance soit excessive ou non, des motifs économiques autoriseront des atteintes au secret de nos communications qui, jusqu’alors, n’étaient possibles qu’avec notre accord.
Traitement ultérieur
En pratique, pour communiquer par téléphone ou sur Internet, nous devons demander à un ou plusieurs prestataires de transmettre nos communications sur le réseau. Notre demande les autorise naturellement à traiter nos échanges pour pouvoir les diffuser.
Toutefois, désormais, ces entreprises seront aussi autorisées à réaliser tout « traitement ultérieur » de nos communications — à les réutiliser –, sans notre accord. Elles devront seulement s’assurer que ce nouveau traitement poursuit un objectif « compatible » avec notre demande initiale.
Difficile d’anticiper ce que pourrait être un traitement « compatible ». Néanmoins, les entreprises qui soutiennent cette exception indiquent clairement le faire pour des raisons commerciales.
Enfin, ici encore, dans un premier temps, chaque entreprise décidera seule de ce qui est ou non « compatible ».
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